Ravalement de façade(s) – Anne-Claire Noyer @LeVecteur

Anne-Claire Noyer a un amour débordant pour l’ornement, une fasci- nation pour ce qui relève du trompe l’œil, du leurre. Elle a une pratique multiple qui combine fantaisie, humour, design textile, photographie, gâteaux, installation et performance. Durant sa résidence au Vecteur, ses déambulations l’ont conduite à porter son intérêt sur les façades Art nouveau disséminées à Charleroi.

FAÇADE, subst. fém. […] 2. Cour. [Sans déterm.] Mur extérieur d’un bâtiment où se trouve l’entrée principale, généralement le plus décoré. Au fig. Apparence souvent trompeuse. ♦ [En parlant d’une chose abstr.] De façade. Qui n’a que l’apparence de la réalité.

Suite à l’appel à résidence du Vecteur, Anne-Claire ouvre la saison de la rentrée 2022 avec son exposition Ravalement de façade(s).

En résidence au Vecteur pendant presque deux mois, elle déambulera dans la ville de Charleroi dès son arrivée. Elle va alors faire des balades pour identifier les maisons Art nouveau afin de se constituer un inventaire de formes, de symboles et de couleurs à assembler, répéter, combiner. Un travail autour du motif qui est identifié, travaillé, interprété puis appliqué sur les murs de la galerie à la bombe de pein- ture. Une manière de retranscrire l’atmosphère de la ville à travers une nouvelle vision de celle-ci.

L’Art nouveau de Charleroi est différent de celui de Bruxelles, de Paris ou des Pays-Bas. Ici, il est principalement de façade. L’accent du travail d’ornementation est mis sur l’extérieur de la maison et non pas dans les détails intérieurs, comme cela peut être vu ailleurs. Cette notion de paraître et de motifs ostentatoires est ce qui va intéresser Anne-Claire. Elle décidera alors de nous en offrir sa propre version.

 

Au début du XXème siècle, ce nouveau mouvement architectural est financé par la petite et moyenne bourgeoisie locale. Les moyens étant limités, ce mouvement sera propagé sous une version simplifiée et ainsi plutôt en extérieur qu’en détails intérieurs. Malgré une riche industrie du fer, du verre et du charbon qui aurait pu permettre le développement des lignes courbes, des jeux de lumières et de couleurs que l’Art nouveau propose, ces moyens ne seront cependant que très peu utilisés dans cette ville. L’accent est donc mis sur sur les détails des façades, par des jeux de briques, de sgraffite et de céramique.

En reprenant certains détails des maisons Art nouveau carolos qu’elle va sélectionner et assembler, tels que ceux de la Maison Dorée ou la Maison des Médecins, Anne-Claire se constitue un nouveau catalogue de formes qu’elle retranscrit en pochoirs afin de pouvoir en faire des fresques.


En appliquant cela aux murs de la galerie, elle tente de recréer de nouvelles façades, un assemblage de formes et de couleurs en composition libre qui mettent en valeur ces lignes organiques et végétales que sont celles de l’Art nouveau.

La dimension ludique est bien présente dans le travail d’Anne-Claire et cette présentation d’œuvres réalisées pour cette exposition n’en manque pas. On découpe, on assemble, on réinvente…